Sandra Richard
Sandra Richard
Sandra Richard vit et travaille à Paris. Après avoir été récompensée du Premier Prix en Arts-Plastiques au Concours Général des Lycées (Ministère de l’Éducation National), en 2012 elle est diplômée d’un DNSEP de l’École Supérieure des Beaux- Arts du Mans. Elle se forme aussi à la composition électroacoustique avec le compositeur Gino Favotti. En 2014, elle est lauréate pour le Prix de dessin Pierre David Weill de l’Académie des Beaux-Arts (Institut de France) avec mention spéciale du Jury.
9_Corps céleste, 2020, gaufrage sur papier, 12 pièces de 45,5 cm x 45,5 cm.
L’œuvre fait face aux dessins à la précision quasi-chirurgicale de Clément Vuillier, et propose en miroir un paysage céleste, élevant le regard vers les étoiles. Une cartographie parcellaire d’une constellation imaginée qui se serait déposée délicatement sur le papier, comme une empreinte venue de l’univers. On se souviendra de la sonde Voyager 1 qui évolue désormais au sein du milieu interstellaire, artefact humain le plus éloigné de la terre à ce jour, embarquant le Golden record, un enregistrement d’images, de sons et de textes proposant un portrait de la diversité de la vie et des cultures terrestres. Cette œuvre retourne la situation, comme si l’univers nous avait laissé une trace, un message peut-être, nous donnant à voir sa constitution astronomique, en quelques bulbes, évoquant l’infini au-delà de la perception humaine, tant physique qu’intellectuelle. Il est effectivement difficile de se représenter l’univers tant celui-ci, par son extension perpétuelle, échappe aux concepts qui régissent notre vie, ici-bas. Nous sommes devant l’inconnu, provoquant une sensation de vide dont on sent confusément qu’il est nécessaire de la laisser croître en nous, nous soustrayant peu à peu pour qui laisse s’y prendre, de nos propres errements.
Ses oeuvres du temps 1
Espace d’abandon, 2014, dessin sur papier, 62,5 cm x 48 cm.
Espace d’abandon, 2014, dessin sur papier, 48 cm x 58,4 cm.
Ces deux dessins aux points, plus ou moins proches les uns des autres, créant des masses plus ou moins claires, plus ou moins sombres, découpent sur le blanc du papier des ensembles architecturaux composés de barres d’immeubles d’une banlieue lointaine. Et celle-ci disparaît dans la brume, comme un songe lointain. Mais c’est bien la périphérie de la ville qui s’exprime ici, lointaine et séparée, où de nombreux individus tentent de joindre les deux bouts, abandonnés par les pouvoirs publics à leur propre sort et subissant de plein fouet les soubresauts des crises diverses et toujours plus nombreuses qui traversent nos sociétés. Il s’agit là aussi d’une disparition, d’un éloignement d’une certaine frange de la population du cœur de la ville, de ses poumons économiques, de ses merveilles… C’est une vision de la mégapole tentaculaire, s’étendant au seuil liminal de la perception et de fait disparaissant dans le flou d’une vision, elle limitée et contrainte par le gigantisme et la tentaculaire expansion urbaine.
Crédit photo : Yves Bercez
Less is more, 2016, perforation sur papier, 49 cm x 50 cm.
Littéralement moins est plus, mot dont s’est emparé Ludwing Mies van der Rohe, architecte allemand qui fut l’un des directeurs les plus prestigieux de la fameuse école d’art Bauhauss à Dessau puis à Berlin, nous ramène immédiatement à l’une des thématiques développés par de nombreux designers où la fonction et le rationalisme dresse de nouveaux codes d’appropriation d’un objet par ses usages, respectueux de l’environnement et dont la fonction ne nie pas la singularité de l’expérience. Cette pensée née dans les années 30 et développée plus tard par Robert Morris par exemple, chantre du minimalisme, nous rappelle effectivement, et spécifiquement en regard de la situation écologique planétaire, que le moins peut être un plus. D’autant qu’il en faut du temps pour piqueter le papier et y faire apparaître ces quelques mots…
Crédit photo : Yves Bercez