
Rodolphe Collange
L'artiste
Rodolphe Collange vit et travaille en Ariège. Compositeur et artiste sonore aux langages multiples, il se forme et travaille notamment auprès du GMEA Centre National de Création Musicale. En 2015, l’artiste est en résidence lors de la première édition du programme Regards d’Artistes sur l’Urbanisme. En 2017, il est lauréat de l’Open Call Festival Exhibitronic. En 2019, sa création musicale Rivages est présentée au Festival International Toulouse Les Orgues. Il est artiste associé au Groupe A - Coopérative Culturelle
_ (diffusion sonore dans l’espace d’exposition) Rodolphe Collange
Terre Rare (part II), 2020, pièce musicale multiphonique, 16 canaux, 40 min.
Avec la collaboration de François Lewyllie, Pascal Marquilly, Sarah Recla, Anne-Gaëlle Ponche, Studio Audibilis.
Œuvre réalisée lors d’une résidence de création collective à la Condition publique du 28 septembre au 16 octobre 2020. Les matériaux sonores ont été puisés principalement sur place.
Après la catastrophe, les survivants sortent de leurs isolements narcissiques, de leurs refuges à la recherche de denrées, de biens essentiels, au beau milieu d’un paysage raréfié. Ils ne peuvent faire autrement que de s’entraider et de reconsidérer ce qui pourrait encore être leur commun, perdu et sans repères dans un environnement totalement perturbé, mais retrouvant sa place. Cette pièce sonore conçue in-situ, spatialisée comme un panorama partagé, en écho aux différentes œuvres présentées, déploie une narration abstraite. Le temps se dilate à la limite de son appréhension, et paradoxalement s’étend dans l’espace, ponctuant son expansion d’événements sporadiques.Temps et espace viennent ensemble ordonner la diffusion sonore, et exploitent le signal dans toutes ses dimensions. Cette étendue spatiale rapporte une situation où l’on peut se laisser bercer, et entendre le souffle du vent sur la prairie, la faune se réveillant après la nuit, les crocs d’un prédateur plantés dans sa proie, une berceuse lointaine, une confidence, la rosée matinale perlant le long de plantes rachitiques, quelques gouttes de sangs, un cri aphone… Cette pièce vient surplomber l’exposition en un geste radical, c’est-à-dire cherchant à prendre racine exactement là ou la catastrophe adviendra.
Oeuvre du temps 1 de l'exposition
Terre Rare (part I), 2020, stéréo binaural pour 4 casques audio, une variation musicale de 12 minutes. Cette composition sonore nous plonge dans un état poétique irrévérencieux, pour autant faisant référence à Ionesco (notes et contre notes), et passant d’une transe nocturne défoncée et interlope à un état de crise guerrière, où les cibles visées et détruites sont civiles. C’est le passage d’un journal intime vers l’extime, où la réalité drue des choses du monde pénètre sans fars. Comme le disais Jacques Lacan, lors d’une conférence au Massachusetts institute of technology en 1975 : Il n’y a pas d’autres définition possible du réel que : c’est l’impossible quand quelque chose se trouve caractérisé de l’impossible, c’est là seulement le réel ; quand on se cogne, le réel, c’est l’impossible à pénétrer. Autrement dit, ça cogne le réel…