Serge Attukwei Clottey
Serge Attukwei Clottey
Depuis près de vingt ans, Serge Attukwei Clottey, originaire du Ghana, utilise des jerrycans de plastique jaune comme principal matériau de ses installations et performances. Ces jerrycans font partie du paysage ghanéen où ces contenants sont essentiels pour le transport et le stockage de l'eau. Ils sont aussi appelés "Bidons Kufuor", d'après l'ancien président ghanéen John Agyekum Kufuor (2001-2009), connu notamment pour avoir mis en place un système de distribution d'eau pour la population durant la sécheresse du début des années 2000.
Afrogallonism
D’abord venu d’Occident rempli d’huile de cuisson, le gallon (contenant en plastique et unité de mesure de 20L) est devenu un objet vital et incontournable au Ghana qui vit dans la crainte des coupures d’eau. Par son travail, Serge Attukwei s'emploie à donner une deuxième vie à ces jerrycans qui restent malheureusement trop peu recyclés. Sa pratique artistique se place dans la lignée de celle du sculpteur El Anatsui, (né en 1944 au Ghana et vivant au Nigéria) dont la démarche est l'une des premières, depuis les années 1990, à utiliser des matériaux pauvres et objets recyclés (capsules de bouteilles, canette de soda, etc.), questionnant les notions de consumérisme, de globalisation et d'écologie. L’utilisation de ce matériau, chargé de symbolique, permet à Serge Attukwei Clottey d’aborder les thèmes de l'écologie, de la santé, du rôle des femmes ou encore de la migration, dans une démarche qu’il intitule Afrogallonism.
Une nouvelle oeuvre sur les toits terrasses
Dans une œuvre précédente Serge Attukwei Clottey a exploré la modernisation des métropoles africaines, et plus particulièrement Accra, qui est en train de traverser une urbanisation rapide impactant le futur de la ville et ses habitants, en travaillant sur un assemblage de gallons. Sur les toits terrasses de la Condition Publique surplombant le quartier du Pile lui-même en pleine transformation, Serge Attukwei Clottey utilise le même procédé, pour amorcer une discussion sur l’évolution de l’espace urbain roubaisien.
Pour cette oeuvre l’artiste a été fortement inspiré par le motif de l’arche, volume récurrent dans l’architecture de la Condition Publique. Connu pour son arche monumentale à l’entrée du bâtiment, qui facilitait autrefois l’accès des camions transportant les matières textiles, de nombreuses arches courent le long de la rue couverte ainsi que les façades extérieures, inscrites à l’inventaire supplémentaires des monuments historiques en 1988. Tapissées de traditionnelles briques rouges du Nord, serties de briques turquoise vernies et de pierres blanches, ces arches emblématiques de l’architecture de la Condition Publique ont été reprises dans l’oeuvre in situ de Serge Attukwei Clottey.
Epaulé par une dizaine de stagiaires étudiantes en première année à l’École Supérieure Arts Appliqués et Textile de Roubaix, et grâce aux bidons récoltés dans la Métropole, l’artiste a composée une arche sur les toits terrasses de la Condition Publique.
Saison Africa 2020
L’oeuvre est présentée dans le cadre de la saison “Un Quartier Généreux” de la Condition Publique, organisée à l’occasion de la Saison Africa2020 avec le soutien de l’Institut français, d’Orange, de Thomson Broadcast, et grâce au partenariat de l’Institut français avec l’Agence française de Développement. Elle a reçu un soutien exceptionnel de la Région Hauts-de-France, de la Métropole Européenne de Lille et de la Ville de Roubaix.