L'histoire du festival Pile au RDV
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Après une édition annulée l’année dernière à cause de la crise sanitaire, le festival organisé par la Condition Publique et le quartier du Pile est de retour du 2 au 11 juillet 2021 ! L’occasion de revenir sur presque quinze ans d’une histoire qui a façonné la relation entre cette manufacture culturelle et son territoire.
2008 – 2010 : Un événement festif pour le quartier
Imaginé en 2008 pour répondre à une demande des habitants du Pile d’une programmation plus accessible et ancrée dans le quartier, Pile au rdv est à l’origine avant tout un festival de théâtre de rue. Les spectacles monumentaux proposés par des « têtes d’affiche » à la renommée nationale comme Komplex Kapharnaüm en 2008 et Générik Vapeur en 2009 et 2010 investissent les bâtiments de la Condition Publique, la place Faidherbe ou le quartier du Pile dans de grandes déambulations.
L’équipe de la Condition Publique élabore en parallèle une méthodologie participative, reposant sur la diffusion d’un appel à projet et la constitution d’un comité d’organisation, qui permet à des partenaires associatifs de proposer des ateliers et animations autour de ces événements spectaculaires. Une des marques de fabrique du festival dans ces premières années, c’est le grand repas de quartier partagé dans la rue couverte, qui réunit près de 500 personnes par an.
2011 – 2013 : Un festival « à thème » qui investit l’espace public
Au fur et à mesure des éditions, des thématiques apparaissent pour renouveler l’offre d’animation des partenaires associatifs et donner une coloration unique au festival : en 2011 la place Faidherbe se transforme temporairement en canal pour une édition placée sous le signe du poisson et en 2012 c’est le dragon qui est mis à l’honneur dans le cadre de la thématique « Fantastic » de Lille 3000. Les spectacles aériens de la compagnie Aérosculpture donnent vie à ces créatures marines ou mythologiques, avec le concours d’artistes roubaisiens comme les danseurs de la compagnie D’Street et les performeurs de Parkour59. A cette période, les déambulations spectaculaires de compagnie d’arts de rue se doublent de grandes installations scénographiques en espace public : en 2013 le collectif d’architectes Saprophytes collabore avec la compagnie de cirque du G. Bistaki sur la thématique du chantier, autour de deux matériaux complémentaires, le bois et la tuile.
2014 – 2015 : Un projet participatif au long court
Au lieu de se concentrer en une grande soirée spectaculaire, les propositions des artistes invités pour le festival s’inscrivent de plus en plus dans la durée, en investissant le quartier du Pile sur un week-end entier. En 2014, le Théâtre de Chambre installe son campement sur la place Faidherbe et propose son spectacle Camping Complet, construit avec le concours des habitants, sous forme de petits rendez-vous intimes. L’occasion pour certains de se découvrir acteurs, comme Fabien Lefebvre, alors responsable de l’accueil des loisirs, qui se souvient avec émotion du final du spectacle sur les toits de l’école Albert Camus. Les voies de participation au festival se multiplient pour les habitants et les partenaires : en 2015 Olivier Grossetête, plasticien à la renommée nationale, leur propose de l’aider à construire son monumental château de carton aux murs aussi hauts que ceux de la Condition Publique … pour mieux se défouler en le détruisant à la fin du festival !
2016 – 2017 : Un festival co-construit, outil de transformation de l’espace public
A partir de 2016, la méthodologie participative évolue fortement, avec la constitution d’un comité de pilotage dès le mois d’octobre : la communauté de partenaires fidèles du festival formée au fil des ans est invitée à participer à toutes les étapes de l’organisation, depuis la programmation jusqu’à la mise en œuvre des animations. Au même moment, le festival prend une coloration plus résolument « arts visuels », avec l’invitation faite au street artiste Aurélien Nadaux et au photographe Charles Pétillon. Il devient une occasion pour expérimenter de nouvelles formes d’aménagement de l’espace public, par-delà la durée éphémère du festival : le mobilier urbain rouge vif imaginé par le collectif de designers Faubourg 132 lors de l’édition 2016 agrémente encore aujourd’hui la place Faidherbe. C’est aussi à cette période que l’offre de restauration du festival s’éloigne du modèle du « repas de quartier » pour proposer nourriture et boisson sur toute la durée des festivités dans le « Village des Saveurs ».
2018 – 2019 : Une mise en valeur du quartier par un événement ouvert sur le monde
Le grand tournant pour Pile au rdv en 2018 c’est le déplacement sur le canal, qui donne au festival une nouvelle ampleur. En investissant cet espace souvent perçu négativement par les roubaisiens pour en faire un véritable lieu de vie le temps d’un week-end, la Condition Publique poursuit ses expérimentations de valorisation de l’espace public. Cette ouverture spatiale se fait le reflet d’une nouvelle ambition du festival, qui s’ouvre de plus en plus à une dimension internationale. En 2018, l’invitation faite au réseau Superville, composé d’architectes et de designers du monde entier, transforme Pile au rdv en « SUPERPILE », tandis qu’en 2019 le quartier du Pile s’ouvre vers l’Amérique latine dans le cadre de la saison thématique « Eldorado » de Lille3000. D’un festival « de quartier », Pile au rdv s’affirme désormais comme un événement ouvert sur le monde, conçu « par » le quartier du Pile pour mieux mettre en avant toutes ses énergies et initiatives.
Et cette année ?
Pour l’édition 2021, le festival Pile au rdv est retourné au cœur du quartier du Pile, pour faire découvrir les bâtiments flambants neufs de la Condition Publique, après une année de travaux de restauration suivie par une fermeture dans le cadre de la crise sanitaire. D’un week-end, le festival est passé à dix jours de festivités : l'occasion d'encore plus profiter de cette édition construite autour de la proposition du collectif ghanéen Exit Frame, dans le cadre de la saison nationale Africa2020.
© Julien Pitinome - ENCRAGE