L'exposition "Urbain.es", au coeur de l'engagement artistique
Entretien avec Magda Danysz, commissaire de l'exposition
Magda Danysz, commissaire d'Urbain.es, plante le décor de cette exposition évènement et raconte la démarche derrière celle-ci. De quoi patienter avant qu'elle soit dévoilée lors de l'inauguration de la saison éponyme, le 31 mars prochain.
Quel est le propos de l’exposition ?
A travers le travail de différent·es artistes, cette exposition interroge les liens entre la femme et l’espace public : aussi bien la façon dont des femmes artistes s’emparent aujourd’hui de ces espaces communs, partagés, pour y intervenir artistiquement ; mais aussi la façon dont les artistes, quel que soit leur genre introduisent la figure de la femme dans leur travail de rue.
© maxime dufour photographies
Déployée dans la Halle B, où avait eu lieu Street Generation(s) en 2017, cette exposition mélangera dans un parcours protéiforme à la fois des interventions réalisées sur place spécialement pour l’occasion par les artistes, ainsi que des témoignages documentaires reconstituant des interventions urbaines historiques auxquelles viennent se mêler des œuvres originales prêtées pour l’événement par les artistes et des collectionneurs.
"Cette exposition interroge les liens entre la femme et l’espace public : aussi bien la façon dont des femmes artistes s’emparent aujourd’hui de ces espaces communs, partagés, pour y intervenir artistiquement ; mais aussi la façon dont les artistes, quel que soit leur genre introduisent la figure de la femme dans leur travail de rue."
S’agira-t-il d’une exposition militante ?
À travers cette exposition, les artistes sont interrogé·es sur leurs engagements. Chacun·e est en effet connu·e pour sa pratique dans l’espace public, son engagement et la force de sa voix. Toutes et tous ne sont pas spécifiquement focalisé·es sur la question de la femme dans l’espace de la cité, mais leur travail recouvre des enjeux qui la mettent en lumière, la révèle ou l’interroge.
Le fait de choisir de placer la femme et les questions de genre au cœur de la thématique de l’exposition est évidemment un choix qui est loin d’être neutre. Mais l’angle d’attaque du projet est d’abord artistique, ce qui est en soi une forme de militantisme.
La maïeutique de l’exposition a été progressive, interrogeant chacun·e des artistes et leurs pratiques pour tisser peu à peu un canevas. Cette trame crée un parcours de découverte où les visiteur·euses sont invité·es à explorer le travail de chacun des artistes mais aussi à s’interroger de façon ouverte sur la place de l’Art dans la Cité.
"Les artistes concernés sont avant tout des créateur·ices aux démarches diverses, très profondes. Ils y consacrent depuis de nombreuses années leur carrière sans avoir besoin d’être étiqueté·es d’un mouvement ou d’un autre. Ici un des objectifs est de mettre en lumière et partager des pratiques artistiques engagées et engageantes."
L’exposition évoque l’espace public et convie des artistes habitués à y intervenir, mais elle se tient dans un lieu clos. N’y-a-t-il pas là une contradiction ?
La Halle B accueillera des œuvres réalisées en atelier par les artistes, mais témoignera aussi indirectement par le biais de documents visuels (papier peints, vidéos) de certaines interventions ayant été réalisées dans l’espace public. Par ailleurs, des commandes seront passées à plusieurs artistes à l’occasion de l’exposition pour qu’ils ou elles réalisent des œuvres in situ, dans et hors la Halle B. Ces œuvres seront spécifiquement conçues en lien avec l’exposition et sa thématique, et parfois dans le cadre de résidences réalisées sur place qui ont permis d’approfondir la relation des artistes au territoire et à ses habitants.
Pour l’exposition Street Generation(s) présentée à la Condition Publique en 2017, la question du message et de sa force, sa résonnance, dans l’espace public s’était aussi posée mais d’un point de vue plus historique. Nous avons souhaité poursuivre cette recherche et la mise en lumière de ce mouvement sans pour autant enfermer les artistes dans le terme galvaudé et réducteur de « street art ». Les artistes concerné·es sont avant tout des créateur·ices aux démarches diverses, très profondes. Ils y consacrent depuis de nombreuses années leur carrière sans avoir besoin d’être étiqueté·es d’un mouvement ou d’un autre. Ici un des objectifs est de mettre en lumière et partager des pratiques artistiques engagées et engageantes.
© maxime dufour photographies
Pouvez-vous nous en dire plus sur ces interventions ?
Sans tout dévoiler, il est possible de partager que l’exposition a lieu à la fois dans les espaces de la Condition Publique comme la Halle B mais aussi la rue intérieure, le toit… et dans des espaces extérieurs situés à proximité du bâtiment.
Les interventions sont très diverses afin de montrer que les pratiques des artistes dits « urbains » se sont étoffées et diversifiées avec le temps. C’est la beauté et la richesse de ce mouvement. Ainsi, nous avons à la fois des interventions murales peintes par exemple par l’artiste New Yorkaise Maya Hayuk, mais aussi la réactivation de gestes forts comme l’installation Lavazza de l’artiste français Zevs ou encore une œuvre de lumière proposée par l’artiste-poète punk anglais Robert Montgomery qui se situe aux confins de la poésie et de l’empreinte lumineuse urbaine. Enfin, l’exposition ne serait pas complète sans des interventions extérieures qui questionnent directement Roubaix comme territoire sur ces sujets et font ainsi de Urbain.es un projet unique et singulier.
Galerie Danysz
La galerie Danysz est avant tout une plateforme de promotion et de soutien à des artistes contemporains, lieu de rencontre et de dialogue entre les artistes, les amateurs et collectionneurs d’art. Fondée à Paris en 1991 par Magda Danysz, la galerie n’a cessé de gagner en envergure depuis ses débuts parisiens, s’établissant à Shanghai, puis à Londres, et devenant au fil des années un acteur international du monde de l’art contemporain.
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