Clémentine Carsberg
L'artiste : Clémentine Carsberg
Clémentine Carsberg vit et travaille à Marseille. Diplômée en 2004 d’un DNESP de l’École Supérieure d’Art et de Design Marseille-Méditerranée, elle reçoit entre autres en 2006 une bourse du Ministère de la Jeunesse et des Sports. Ses oeuvres furent notamment exposées en 2012 au Défis expo (Paris), en 2014 à la Casa Toesca (Italie), en 2015 au 3 bis F (Aix-en-Provence), au MAMA (Alger), ainsi qu’en 2017 à la Galerie HO (Marseille) et en 2018 au Salon de Montrouge (Paris). L’artiste participe cette année au programme de résidences Regards d’Artistes sur l’Urbanisme.
6_Les projections, 2020, projecteur diapositives, papiers découpés, dimensions variables.
Œuvre réalisée lors d’une résidence de création collective à la Condition publique du 28 septembre au 16 octobre 2020.
Ces projections traversant l’espace de part en part pour venir s’échouer sur l’une des cimaises, et ouvrant des fenêtres luminescentes, rappelleront pour certain un doux matin d’hiver et la lumière rasante balayant lentement les ombres dans la demeure familiale, ou pour d’autres un lent réveil, émergeant des brumes nocturnes, après un dîner arrosé auprès d’amis, dans un gîte quelque part en Normandie, ou autre part, en vacances en tous les cas. Elles peuvent aussi faire référence à l’essai de Jun’ichiro Tanizaki, Eloge de l’ombre, où l’auteur fustige, entre autres, l’irruption de l’électricité qui fige les ombres et les objets contrairement à la bougie ou autres flammes qui semblent faire danser l’espace. Ces projections de papiers découpés reprenant les formes des fenêtres de la Galerie Coucke, amènent une ambiance venue d’ailleurs, aux confins de notre conscience, et nous donnent à ressentir une intimité du lieu tout en proposant un dépaysement de nos souvenirs.
8_Des fourches, 2020, bois divers, chiffons, visseries, colles, agrafes, sangles, cerclage plastique, pigments, huile de lin, dimensions variables.
Avec la participation de Rodolphe Collange, François Lewyllie, Pascal Marquilly.
Œuvre réalisée lors d’une résidence de création collective à la Condition publique du 28 septembre au 16 octobre 2020. Les matériaux ont été puisés localement au sein de l’atelier de la Halle C.
Ces fourches furent réalisées dans une sorte d’urgence, celle de fabriquer des outils en fonction des matériaux disponibles, pour parer au plus pressant, à priori ce qui nous préoccuperait le plus si nous étions confrontés à un écroulement brutal de nos sociétés : cultiver la terre et se défendre. Il s’agit bien évidemment ici d’un rapport allégorique à la fabrication artisanale, parfois maladroite mais toujours fonctionnelle, selon l’usage et l’usager. L’outil a évolué dans le temps, mais pour autant sa forme primitive guide encore aujourd’hui celle des fourches contemporaines. Le métal ayant remplacé les bois trouvés souvent comme tel, et dont la forme cornue remplissait alors soudainement une fonction nouvelle. La fourche fut de tout temps un outil à double tranchant, pour retourner les foins tout autant que pour conduire une révolte ou se défendre. Les fourches ainsi disposées sur un mur, prêt à l’emploi, nous indiquent que de nombreuses personnes sont passées par là, et qu’elles ne demandent qu’à servir à nouveau.
15_La visionneuse, 2020, visionneuse à diapositive, papier découpé doré, 9 cm x 15 cm.
Œuvre réalisée lors d’une résidence de création collective à la Condition publique du 28 septembre au 16 octobre 2020.
Il s’agit d’un dessin découpé, faisant immédiatement référence à Les trop fait-maison, comme une ombre lumineuse qui nous montre les entrailles d’une forme, sa consistance et son seuil liminal de perception. Une contre forme jouant à contre-courant, remontant le fleuve, démontrant imperceptiblement que la beauté peut se loger hasardeusement au coin de l’œil.
18_ Les trop fait-maison, 2020, bocaux et coquilles d’œufs dorées, dimension variable.
Œuvre réalisée lors d’une résidence de création collective à la Condition publique du 28 septembre au 16 octobre 2020. Les matériaux ont été puisés localement au sein du restaurant L’Alimentation de la Condition Publique.Des œufs dorés et mis sous cloches, comme des stalactites extraites d’une grotte ou encore une excroissance bizarre, des cloques qui s’amoncellent et se répandent, dans un espace confiné, contraint, qui pourraient évoquer des naissances ancestrales, celles de dinosaures pourquoi pas, ou d’autres êtres étranges. Mais ce sont bien, a contrario, simplement des coquilles d’œufs dorées, collectionnées, conservées, et qui symbolisent ici une récompense. Celle fabriquée par une main heureuse et prolifique qui récupère les déchets de la cuisine pour en faire des objets précieux, issus directement du quotidien de la ménagère. Cette œuvre attire notre attention sur les petits riens auxquels nous prêtons en général une prévenance distante, même lointaine, plus directement dont on se fout royalement et qui n’ont d’intérêt que pour la poubelle, physique et mentale. Ils sont ici volontairement soumis au regard de l’autre, engendrant une mise en scène bouleversant le statut usuel des résidus.