Baptiste César
L'artiste
Baptiste César, artiste multidisciplinaire, vit et travaille à Paris depuis 2016. Sa pratique l’amène à utiliser différents médiums selon chaque projet artistique. En 2006 il est diplômé d’un DNSEP à la Villa Arson, Ecole d’Art de Nice puis en 2008 d’un postgrade Art Lieu Paysage à la HEAD de Genève. En 2017 il réalise une résidence d’artiste à la Villa Belleville. En 2018 il est sélectionné pour le Salon de Montrouge et participe à la 17ème Nuit Blanche à la Villette. Ses dessins sont exposés de nombreuses fois à Nice, Paris, Genève. En 2019, l’artiste participe à deux résidences d’artistes (Est-Nord-Est au Québec et R.A.U#4 à Roubaix). Ces résidences lui ont permis de poursuivre sa recherche autour de l’économie circulaire et de l’installation in-situ dans l’espace public.
10_Les vitrines minimales, 8 décembre 2018, tirage numérique sur papier, dimensions variables.
En préparation de la deuxième manifestation des Gilets jaunes sur les Champs Elysées, les magasins de luxe se barricadaient. On notera les ouvrages parfaitement réalisés ainsi que les enseignes laissées visibles, à la limite de l’insane, tentant une certaine résilience, malgré la révolte à venir. Dans ces images, le temps suspendu s’étirant interminablement avant la grogne est particulièrement palpable. D’autant que ces vitrines éteintes, soustraites aux ors et autres luxueuses tentations, s’adressent tout autant aux fameux 1% des plus riches détenant à eux seuls deux fois la richesse de 92% de la population mondiale, qu’aux manifestants qui, à n’en pas douter, rejettent cet état de fait, mais aussi pour beaucoup souhaite ardemment pouvoir consommer sans entrave. Pourtant, ces images nous suggèrent aussi, que dans un temps à venir, pourquoi pas, ces vitrines seront caduques, comme ce qu’elles représentent absolument : les profondes inégalités sociales qui plus que jamais doivent être au cœur d’une véritable et profonde transformation de nos sociétés.
_ (rue couverte) Baptiste César
Pure veillée et s’unir, Paris, le 9 janvier 2020, banderole en PVC peinte, 1000 cm x 120 cm.
Ce jeu de mot est inspiré par le titre d’un des livres phares de Michel Foucault, Surveiller et punir. L’artiste a suivi de près les manifestations des gilets jaunes à Paris et a déroulé cette banderole et d’autres, notamment place de la République. Il renverse une situation où la violence prime, en fête, la veillée, et à l’unisson d’une révolte qui exprimait alors, malgré toutes les critiques que l’on peut et que l’on est en droit d’exprimer à l’égard de la complexité et du flou de ce mouvement spontané, une volonté réelle de rassemblement et d’union des luttes. Il fait directement référence à l’œuvre de Foucault où celui-ci, par une analyse historique et sociologique dresse le portrait d’une société de la surveillance et de la punition, comme le titre l’indique, et dont le panoptique de Jeremy Bentham en est la figure emblématique.
Ses oeuvres du temps 1
Au corps on a virus, 2020, dessins à l’encre, 20 cm x 30 cm chacun.
L’artiste fut atteint du COVID, en mars 2020. Il se mit volontairement en quarantaine stricte pendant une bonne quinzaine et fut contraint de continuer son isolement suite à la décision gouvernementale de confinement de l’ensemble de la population. Durant cette période, ne pouvant se rendre à son atelier, il se lança dans une production pléthorique de dessins, comme pour conjurer son sort. Ceux-ci le montre en pleine introspection de la maladie, la peur qui l’a envahit, ses angoisses, ses désirs sexuels, sa propension à l’humour et à retourner la situation dans un jubilatoire exercice libératoire. Il s’est emparé de l’anecdote du moment établissant avec elle un rapport proche du journal intime, un journal du confinement où chaque possibilité de rêverie et de décloisonnement est saisie au vol.
Crédit photo : Yves Bercez
Les rhums confinés , 2020, bouteilles en verre, rhum, fruits, encre de chine sur papier, bouteilles de 70 cl.
L’artiste vit et travaille principalement à Paris, qui est pour lui une ville de fête, de rencontres, d’échanges nombreux, foisonnante et fourmillante. L’isolement du au confinement pour contrer la propagation du virus fut vécu comme un véritable crève cœur. La nuit ne bruissait plus des terrasses enjouées, des bars bondés, des fêtes tonitruantes. En attente des jours meilleurs, quoi de mieux que de préparer des rhums arrangés, qui pour être bu doivent macérer longuement. Chacune des étiquettes des bouteilles fait références aux différentes pandémie qui ont éclatés dans le courant des XXème et XXIème siècle.
Crédit photo : Yves Bercez