Chloé Schuiten
L'artiste
Chloé Schuiten dessine, écrit, réalise des bandes dessinées, elle teste et organise des
évènements et modes de vie collectifs, par moment elle est styliste de l’urgence et des re- buts, ou prof d’atelier “rien faire en forêt”. Le monde dans son état actuel ne la rassasie pas. Elle veut être dedans mais y vivre autrement. Obsédée par les miettes, par ce qui traine et est indésirable, elle récolte ces bouts et les utilise comme matériaux de base à ses créa- tions. Son travail traite aussi de l’ensauvagement et des rapports entre hommes et animaux. Elle donne naissance à ce qu’elle mange et étudie la flore avant de se coucher. Après avoir créé et co-géré la galerie Le Maga (Saint-Gilles) pendant trois ans, elle s’est impliquée dans le lieu collectif le Lac (Bruxelles).
16_Treize Harpies, 2020, marc de café usagé, pulpe de fruit, eau de rinçage de pinceaux, planning, factures et autres documents administratifs broyés, farine souillée et crottes de souris, accompagnées d’une micro-édition, dimension variable.
Œuvre réalisée lors d’une résidence de création collective à la Condition publique du 28 septembre au 16 octobre 2020. Les matériaux ont été puisés localement auprès de l’atelier de l’artiste à Bruxelles.
De nos déchets, naîtront les ressorts spirituels d’un avenir proche. Non pas ceux de croyances ordonnées et sectaires, comme elles le sont malheureusement fréquemment, ou les superstitions sur lesquelles bien des religions et organisations politiques, profitant des adeptes et de leur candeur vis-à-vis de la foi, se sont appuyées, mais bien celle d’une reconsidération de nos cycles de consommation mis en rapport immédiat avec notre état de nature. Au-delà donc des dogmes, du culte, cette série de Harpies nous questionne immédiatement sur les monstres que nous chérissons, et qui sont à bien des égards au cœur d’une cosmogonie terrifiante, qui malgré notre soumission à la technologie et au progrès, devrait nous alerter sur l’inconsistance de nos gestes quotidiens, manifestement séparés de la spiritualité, de l’inconnu, de l’aventure d’être en soi, de l’Autre. Comment explorer les mythes fondateurs de nos sociétés, de celles que nous ne connaissons pas, au-delà des rapports factuels à l’existence ? Il reste que nous regardons éhonté la fragilité d’un geste rudimentaire.