Compte rendu - table ronde du 29.09.2025
Participation habitante : façade ou levier ? Promesses et limites de la participation urbaine

Invités :
Modération :
Note d’intention
Intention globale
L’injonction à la participation des habitant.e.s est très présente depuis plusieurs décennies, et plus encore depuis la loi pour la cohésion urbaine de 2014[1], qui promet de co-construire la politique de la ville avec ses habitant.e.s. La participation y est souvent présentée comme un levier de démocratie locale, formant une boucle de transformation vertueuse aussi bien du territoire que de « l’habitant ».
Pourtant, la participation fait débat. Elle est parfois critiquée, par des chercheur.e.s ou militant.e.s, comme étant un argument de communication, un instrument de légitimation pour ses émetteurs, ou encore un outil d’éducation à une citoyenneté conforme, sans garantir aux habitant.e.s un véritable pouvoir d’agir.
A Roubaix, ville post-industrielle, marquée par de nombreux projets de renouvellement urbain, une forte présence de la politique de la ville, de nombreuses expérimentations politiques, artistiques et culturelles, face à de réels contre-pouvoirs militants ; la question prend un relief particulier.
La participation des habitant.e.s au projet urbain, à quoi ça sert ?
Contexte du questionnement proposé par la CP
Cette table-ronde intervient comme un moment de réflexivité pour la Condition Publique (CP), 20 ans après son ouverture et sa réhabilitation par l’architecte Patrick Bouchain. En 2003, l’architecte transformait en effet l’ancien centre de conditionnement textile en une manufacture culturelle au cœur du quartier du Pile, à Roubaix. Patrick Bouchain concevait alors le chantier architectural comme un acte culturel et social, intégrant la participation des riverains, invités à se rendre à la « Barraka », une baraque de chantier et de discussions publiques sur le projet en cours.
Par la suite, la CP a été actrice de diverses démarches de participation urbaine. La participation est ainsi devenue l’un des trois mots d’ordre du service « Développement et Innovation Sociale » (DIS) de l’établissement. En 2008, le DIS crée le festival « Pile au RDV » : une à deux semaines de festivités, d’expériences artistiques et urbaines de proximité, co-construites avec les associations du quartier, dans et hors les murs du lieu culturel, chaque année. En 2014, la CP accompagne le projet de co-construction « Pile Fertile », proposé par l’architecte Pierre Bernard à l’aménageur la Fabrique des Quartiers. La CP y jouera, par exemple, un rôle d’intermédiaire pour mettre en relation des artistes et des habitants qui réhabilitent leurs jardins. Enfin, la CP a accompagné de nombreux artistes « en résidence » sur le territoire, à réaliser des fresques et autres installations artistiques d’artistes, qui peuplent les rues du Pile et de Roubaix[2].
En bref, une partie du projet de la CP est, depuis sa genèse, tournée vers la création d’ « utopies urbaines »[3]. Même si celles-ci se heurtent souvent à la réalité des institutions, du territoire et de leurs conflits et contradictions, l’établissement joue un rôle dans ce qu’on appelle aujourd’hui «le mouvement de l’urbanisme culturel[4] ». C’est dans cette continuité que la CP accueille aujourd’hui l’exposition-anniversaire des 10 ans du programme « Regards d’Artistes sur l’Urbanisme » du Groupe A-Coopérative culturelle, pendant une saison nommée « Art, architecture, patrimoine et urbanisme ».
Or, en 2025, un nouveau projet de participation citoyenne voit le jour à la CP. « L’agora », auto-nommée « Voix publique » se présente comme un temps de débat mensuel, offrant un pouvoir de décision aux participant.e.s, par le vote, pour transformer la vie quotidienne de la CP. Co-construit entre la direction, 17 membres fondateurs et une doctorante en géogaphie, l’agora est un projet de long terme, dont le cadre, le périmètre et la finalité, se dessinent avec ses participants.
Pourtant, on sait que la participation, (orchestrée par les pouvoirs publics et aménageurs) a déçu, et ce notamment à Roubaix, où les liens de solidarité sont étroits et les contre-pouvoirs militants sont forts. A l’Alma, dans les années 80, la création de l’Atelier Populaire d’Urbanisme, à l’initiative d’habitants dont les logements sont menacés de démolition, connaît un retentissement national et remet profondément en question le projet urbain. 40 ans plus tard, le collectif Non à la Démolition s’oppose aux logiques de consultations du Nouveau Projet de Rénovation Urbaine. Et le scénario est similaire au Pile, où « La Table des quartiers » s’est formée, à l’initiative d’habitants, en opposition à la nouvelle municipalité de 2014 et au projet « Pile Fertile ». Ainsi, au Pile, aujourd’hui, on observe une certaine méfiance vis à vis des pouvoirs publics, de « l’espace public », et des démarches de consultation ou de participation en général. Et les habitants sont alors moins présents au « RDV ».
2. Problématique
Prendre de la hauteur sur cette notion, dégager des tendances et en même temps identifier et comprendre s’il existe des singularités, des particularités, quelle serait-elle à Roubaix. Quelles méthodologies ?
Participer :
- définition Joëlle Zask
- définition Marion Carrel
- Injonction participative
- Problématique
À Roubaix, la question prend un relief particulier. Ville post-industrielle marquée par des dynamiques de transformation urbaine et de revitalisation culturelle, elle est traversée par des formes multiples de participations allant des luttes habitantes spontanées, aux conseils citoyens en passant par des projets d’urbanisme culturel.
3. Conducteur possible
- Diagnostic
- Cas particulier Roubaix
- Solutions et perspectives
1) Pouvez-vous vous présenter ? Dire d’où vous parlez ?
2) La participation, c’est quoi pour vous ? (Une méthodologie à co-construire, une offre, une initiative, Un idéal...)
3) Est ce que/ En quoi la participation fonctionne aujourd’hui ? A quoi elle sert ?
4) Est-ce qu’il y a une spécificité roubaisienne en fonction des territoires que vous avez étudiés, où dans lesquels vous pratiquez ? Quels sont les singularités des territoires que vous connaissez ? Est-ce qu’il existe un modèle de méthode abstrait et universel de participation ?
5) Quel est le rôle de l’art ? Des artistes dans la participation aujourd’hui ?
6) Qu’est ce qu’il reste à inventer pour une participation qui donne un pouvoir d’agir aux habitants et permet une transformation profonde de la Ville et des rapports sociaux qui la traversent ?
4. Bibliographie indicative
Bouslah Asma, « L’Alma Vivra » ? Étude des mobilisations dans le quartier de l’Alma à Roubaix contre le projet du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain
Lefebrvre Henri, Le Droit à la Ville
Zask Joëlle, Participer
Collectif Rosa Bonheur
Histoire de construire
https://hal.science/hal-01935996/document
- Florian Vertriest, fondateur et président du mouvement « Non à la démolition », quartier de l’Alma Gare à Roubaix
- Léa Donguy, Docteure en géographie de l’art, chargée d'animation scientifique POPSU Grand Paris, co-fondatrice chez Le voyage métropolitain et présidente du Groupe A – coopérative culturelle
- Sébastien Delfavero, Docteur en Urbanisme & Aménagement et urbaniste conseil en analyses et strategies territoriales à la MEL
- Participation libre, un siège à disposition du public qui peut choisir d’intervenir et de proposer une réflexion
Modération :
- Elodie Réquillart, doctorante CIFRE en géographie à la La Condition Publique, Roubaix, Service Développement et Innovation Sociale, et au Laboratoire Textes et Cultures (UR4018) Université d'Artois, Arras.
Note d’intention
Intention globale
L’injonction à la participation des habitant.e.s est très présente depuis plusieurs décennies, et plus encore depuis la loi pour la cohésion urbaine de 2014[1], qui promet de co-construire la politique de la ville avec ses habitant.e.s. La participation y est souvent présentée comme un levier de démocratie locale, formant une boucle de transformation vertueuse aussi bien du territoire que de « l’habitant ».
Pourtant, la participation fait débat. Elle est parfois critiquée, par des chercheur.e.s ou militant.e.s, comme étant un argument de communication, un instrument de légitimation pour ses émetteurs, ou encore un outil d’éducation à une citoyenneté conforme, sans garantir aux habitant.e.s un véritable pouvoir d’agir.
A Roubaix, ville post-industrielle, marquée par de nombreux projets de renouvellement urbain, une forte présence de la politique de la ville, de nombreuses expérimentations politiques, artistiques et culturelles, face à de réels contre-pouvoirs militants ; la question prend un relief particulier.
La participation des habitant.e.s au projet urbain, à quoi ça sert ?
Contexte du questionnement proposé par la CP
Cette table-ronde intervient comme un moment de réflexivité pour la Condition Publique (CP), 20 ans après son ouverture et sa réhabilitation par l’architecte Patrick Bouchain. En 2003, l’architecte transformait en effet l’ancien centre de conditionnement textile en une manufacture culturelle au cœur du quartier du Pile, à Roubaix. Patrick Bouchain concevait alors le chantier architectural comme un acte culturel et social, intégrant la participation des riverains, invités à se rendre à la « Barraka », une baraque de chantier et de discussions publiques sur le projet en cours.
Par la suite, la CP a été actrice de diverses démarches de participation urbaine. La participation est ainsi devenue l’un des trois mots d’ordre du service « Développement et Innovation Sociale » (DIS) de l’établissement. En 2008, le DIS crée le festival « Pile au RDV » : une à deux semaines de festivités, d’expériences artistiques et urbaines de proximité, co-construites avec les associations du quartier, dans et hors les murs du lieu culturel, chaque année. En 2014, la CP accompagne le projet de co-construction « Pile Fertile », proposé par l’architecte Pierre Bernard à l’aménageur la Fabrique des Quartiers. La CP y jouera, par exemple, un rôle d’intermédiaire pour mettre en relation des artistes et des habitants qui réhabilitent leurs jardins. Enfin, la CP a accompagné de nombreux artistes « en résidence » sur le territoire, à réaliser des fresques et autres installations artistiques d’artistes, qui peuplent les rues du Pile et de Roubaix[2].
En bref, une partie du projet de la CP est, depuis sa genèse, tournée vers la création d’ « utopies urbaines »[3]. Même si celles-ci se heurtent souvent à la réalité des institutions, du territoire et de leurs conflits et contradictions, l’établissement joue un rôle dans ce qu’on appelle aujourd’hui «le mouvement de l’urbanisme culturel[4] ». C’est dans cette continuité que la CP accueille aujourd’hui l’exposition-anniversaire des 10 ans du programme « Regards d’Artistes sur l’Urbanisme » du Groupe A-Coopérative culturelle, pendant une saison nommée « Art, architecture, patrimoine et urbanisme ».
Or, en 2025, un nouveau projet de participation citoyenne voit le jour à la CP. « L’agora », auto-nommée « Voix publique » se présente comme un temps de débat mensuel, offrant un pouvoir de décision aux participant.e.s, par le vote, pour transformer la vie quotidienne de la CP. Co-construit entre la direction, 17 membres fondateurs et une doctorante en géogaphie, l’agora est un projet de long terme, dont le cadre, le périmètre et la finalité, se dessinent avec ses participants.
Pourtant, on sait que la participation, (orchestrée par les pouvoirs publics et aménageurs) a déçu, et ce notamment à Roubaix, où les liens de solidarité sont étroits et les contre-pouvoirs militants sont forts. A l’Alma, dans les années 80, la création de l’Atelier Populaire d’Urbanisme, à l’initiative d’habitants dont les logements sont menacés de démolition, connaît un retentissement national et remet profondément en question le projet urbain. 40 ans plus tard, le collectif Non à la Démolition s’oppose aux logiques de consultations du Nouveau Projet de Rénovation Urbaine. Et le scénario est similaire au Pile, où « La Table des quartiers » s’est formée, à l’initiative d’habitants, en opposition à la nouvelle municipalité de 2014 et au projet « Pile Fertile ». Ainsi, au Pile, aujourd’hui, on observe une certaine méfiance vis à vis des pouvoirs publics, de « l’espace public », et des démarches de consultation ou de participation en général. Et les habitants sont alors moins présents au « RDV ».
2. Problématique
Prendre de la hauteur sur cette notion, dégager des tendances et en même temps identifier et comprendre s’il existe des singularités, des particularités, quelle serait-elle à Roubaix. Quelles méthodologies ?
Participer :
- définition Joëlle Zask
- définition Marion Carrel
- Injonction participative
- Problématique
À Roubaix, la question prend un relief particulier. Ville post-industrielle marquée par des dynamiques de transformation urbaine et de revitalisation culturelle, elle est traversée par des formes multiples de participations allant des luttes habitantes spontanées, aux conseils citoyens en passant par des projets d’urbanisme culturel.
3. Conducteur possible
- Diagnostic
- Cas particulier Roubaix
- Solutions et perspectives
1) Pouvez-vous vous présenter ? Dire d’où vous parlez ?
2) La participation, c’est quoi pour vous ? (Une méthodologie à co-construire, une offre, une initiative, Un idéal...)
3) Est ce que/ En quoi la participation fonctionne aujourd’hui ? A quoi elle sert ?
4) Est-ce qu’il y a une spécificité roubaisienne en fonction des territoires que vous avez étudiés, où dans lesquels vous pratiquez ? Quels sont les singularités des territoires que vous connaissez ? Est-ce qu’il existe un modèle de méthode abstrait et universel de participation ?
5) Quel est le rôle de l’art ? Des artistes dans la participation aujourd’hui ?
6) Qu’est ce qu’il reste à inventer pour une participation qui donne un pouvoir d’agir aux habitants et permet une transformation profonde de la Ville et des rapports sociaux qui la traversent ?
4. Bibliographie indicative
Bouslah Asma, « L’Alma Vivra » ? Étude des mobilisations dans le quartier de l’Alma à Roubaix contre le projet du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain
Lefebrvre Henri, Le Droit à la Ville
Zask Joëlle, Participer
Collectif Rosa Bonheur
Histoire de construire
https://hal.science/hal-01935996/document